Je suis arrivée à Bergerac aujourd'hui.  
J'ai fermé les yeux le temps de l'allée des peupliers.  
La porte s'est ouverte.  
J'ai avancé comme un zombie, j'ai posé mes affaires et je suis ressortie tout de suite.

Flashback. Janvier.  

La prise à droite qui servait à garder mon téléphone en vie vingt-quatre heures sur vingt-quatre pour pouvoir te parler.  

Le plaid sur mes genoux, le chocolat chaud dans la main gauche, posée dans mon fauteuil.  
Le feu qui crépitait dans la cheminée et la série de Daniel qui me servait de fond sonore pendant que mes doigts courraient sur le clavier pour te répondre tout le temps.  
Le son de l'ordi de papa, le parfum du thé, les jeux de Vasco sur le sol et les affaires de Nile partout dans la maison.  

Le froid glacial, les graviers qui roulaient sous mes nike, mon bonnet sur la tête, mon petit lit bateau.
Minuscules éléments qui me replongent dans cette semaine de pure perfection en décembre et janvier.
Notre semaine rien qu'à nous. Nos début, nos conversations philosophiques.  

Nous.  

Je me suis relevée, j'ai pris mon gilet et mis mes écouteurs. Je pouvais pas restée là.
Et comme cet hiver, j'ai parcouru l'immense allée derrière la maison.  
Je ne pleurais pas encore.  
Je souriais.  

J'ai remis la playlist que j'avais faite à noël et j'ai continué de marcher en écoutant ces chansons qui me replongeait dans un autre temps. Un temps où j'avais ma place dans ta vie.
Un temps où tout était beau et neuf, Un temps où j'allais mieux.

Je me souviens, je partais marcher, je laissais mon téléphone à la maison et quand je revenais je trouvais toujours un message de toi.  
Le frisson de l'attente. Du désir de te lire.  
Ne pas te répondre tout le temps tout de suite non plus. Te laisser attendre aussi mais pas trop.

Ma marche solitaire du matin.
La première nuit j'étais toute seule et même si les meubles avaient changé, c'est dans cette chambre que j'ai ri, pleuré, eu peur, ai été fasciné. Dans cette chambre ou j'ai appris à t'aimer, à te connaître. Et aujourd'hui silence radio. Rien. Fin. La nuit c'était notre royaume leo, le silence me grille le cerveau et ton absence coule dans mes veines.

Et puis le dernier soir j'ai compris. Que c'était ça la fin. Qu'en fait y'en aurai pas. Que tu m'avais laissé, que parce que je ne t'avais pas embrassé la première fois, parce que j'ai eu peur de tout, tu t'étais lassé. J'ai compris que je n'étais plus rien du tout, qu'il venait de là le vide, que mes propres énergies et sentiments me gueulaient « arrête ça devient ridicule, c'est même plus la peine. » J'ai capté. J'ai déchiré la lettre. J'ai voulu brûler la pochette avec tout les dossiers sur l’inde et la médecine que je me suis cassé la tête à faire pour toi, mais elle va m'être utile donc non.  

J'ai pleuré des litres tandis que ma mémoire me balançait les meilleurs instants que j'avais passé à tes côtés. J'y ai tellement cru. «Toujours. » voilà ce que t'avais dit. C'est fou comme ton toujours a tourné court.

Je veux retourner en décembre et tout recommencer. Je ne veux plus jamais voir ton visage, entendre ta voix résonner dans mes oreilles. Je veux que tu saches que tu m'as bousillé. Et que ta promesse, tu l'as pas tenue alors je le ferai pas non plus.
Passer le bac. Et partir. Juste partir.  Et peut-être te balancer mon carnet rempli de texte de toi, genre le dernier jour. Pour que ma souffrance, elle brûle ton cerveau, pour que ton coeur soit serrer par les remords et que je te manque un peu quand même. Pour qu'au moins tu réalise. Pour qu'au moins ça te serve. Tout te dire, et puis partir. Parce qu'au moins j'aurai fait tout mon possible.  Parce que si je dois vraiment te laisser partir, je veux pouvoir me dire que j'aurai tout essayer. Bergerac ça a été comme un coup de taser dans la tête. Assez. Stop.