Notes :: J'ai écris ce texte, qui est plus une lettre d'ailleurs, à un moment où je n'allais pas bien. Pour vous situer un peu, mon meilleur ami, québécois, était en mode silence radio depuis plusieurs mois. Evidemment, séparés par l'Atlantique, je ne pouvais pas aller sonner à sa porte pour l'engueuler. J'ai posté ce texte sur un groupe facebook où sont regroupées toutes mes amis écrivaines avec qui j'ai des liens très fort. C'est le "vous" de la fin.
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Tout ce que je ne te dirai jamais
J'ai attendu longtemps que tu reviennes. J'ai espéré. J'ai pleuré tes absences comme on pleure un mort. Je ne me comprenais pas, je ne te comprenais pas. Qu'avais-je fait de mal ? Où était l'erreur ? Petit à petit, les fils s'étaient décousus et je n'avais rien vu. J'ai ressassé les moments à parler de tout et de rien. J'ai relu les lettres, les messages et les petits mots. Je me suis souvenu de la manière dont tu me faisais faire ce que tu voulais. Et j'ai cherché. J'ai cherché ce qui avait tout déclenché. Je n'avais pas remarqué que la rupture n'avait pas été soudaine. Je n'avais pas vu les signes. Quand déjà, tu répondais moins souvent. Quand tu ne venais plus. Quand j'attendais en vain, en espérant. Mais l'espoir, peu à peu, s'est tari. Je t'ai envoyé messages sur messages. Ô comme tu as du en avoir assez, et comme je te comprends ! Je ne me rendais pas compte de ce que j'étais. J'ai sans doute compris l'erreur. Personne n'est fait pour être enchaîné. « J'ai été chiante. Je suis désolée. » Mais toi, tu ne m'as jamais rien reproché. Je t'en ai voulu, tellement voulu. Après tout, tu aurais pu me prévenir. Me dire que tu ne voulais pas me voir, me parler. Mais non, silence radio. J'ai été obligée de demander si tu allais bien à tes amies. Je me sentais mal, si mal. J'étais en colère mais je ne savais pas contre qui j'en avais. Je m'étais promis de ne pas te renvoyer de message avant le bac. J'ai tenu parole. Mais aller sur les sites habituels étaient si durs. Te voir, sur ton mur, t'amuser. Je suis autant fautive, sûrement, mais j'ai perdu confiance.
Aujourd'hui tu es revenu. Quand j'ai vu tes messages, j'étais partagée entre le soulagement et l'incompréhension. J'étais au bord des larmes. Tu t'en veux, tu avais de quoi. Mais j'ai trop souvent lu tes « je suis désolé ». J'ai trop souvent accepté tes excuses avec le sourire. Aujourd'hui, alors que tu reviens, moitié repentant, moitié enthousiaste, je ne peux pas partager tes sentiments. Parce que je suis cassée. Je n'ai plus confiance. Je ne veux plus souffrir. Je n'arrive pas à blaguer comme avant. Je n'arrive pas à accepter ton retour. Comment te dire que je n'arrive pas à rire à tes plaisanteries, que je ne peux pas t'appeler comme avant. N'amour, jumeau, doublure... Non, je n'y parviens pas. Ça, c'était quand je pensais qu'on resterait comme ça longtemps. Maintenant, je ne ressens que la douleur quand j'y pense. Où est passée toute cette joie que j'ai connu ? Où est passé l'envie de t'entendre ? Sauras-tu regagner ma confiance ? Peut-être qu'à force d'acharnement, tu pourras à nouveaux m'entendre te dire ce que je ressens pour toi. Mes sentiments sont toujours là, oui, mais ils sont trop enfouis pour que je puisse les exprimer. Alors auras-tu le courage d'attendre et de persévérer jusqu'à je sois à nouveau moi-même ? Certains événements, dans ma vie, ont fait que je suis qui je suis. Et en cette période, plus que jamais, tu aurais dû être là. D'autres l'ont été mais pas toi. J'avais besoin de te parler, besoin de me changer les idées. Parce que tu savais si bien le faire. Mais j'ai l'impression d'avoir grandi trop vite et que ce qu'on vivait est loin. J'ai peur de ne jamais le retrouver. J'ai peur de te perdre encore. J'ai peur que le temps efface encore une fois tes mots. J'ai peur que tu repartes aussi vite que tu es réapparu. J'ai peur, et tout ce que je peux faire, c'est verser une unique larme et écrire ces mots. Tout ce que je ne te dirai jamais. Je t'aime, mais je n'ai plus confiance.
Avoir connu ce si grand bonheur rend la chute plus brutale. J'ai l'impression que toutes les bonnes choses me fuient. Que je n'y ai pas droit. Je t'en veux de m'amener à croire ça. Parce que quand je regarde les messages de mes amies, les photos des gens que j'aime et des moments que j'ai passé avec eux, je me sens honteuse de tant me lamenter. Mais ce que je ressens pour toi est trop fort pour que je puisse m'en empêcher.
Je suis forte, c'est vrai, pour sourire et ne pas inquiéter les gens. Je suis forte pour leur dire que je vais bien. Pour le leur prouver en continuant de mener la vie que j'ai. Parfois, j'arrive même à y croire. Mais je dois voir la vérité en face. J'aurai beau faire semblant, je serai toujours cassée, à l'intérieur. As-tu jamais compris cet aspect de moi ? Ou t'es-tu arrêté à la façade que je voulais bien montrer. J'ai cru qu'on était pareil. N'était-ce que de la poudre aux yeux ? J'aimerais être forte mais je n'y arrive pas. Je me suis dis que je ne t'enverrai plus de message, que j'attendrai que tu te souviennes de moi. Mais je n'ai pas pu. Si je ne m'étais pas manifestée, serais-tu revenu ?
Jamais tu ne liras ces mots. Lâcheté ? Je ne sais pas. Sans doute. Je ne me fait pas d'illusion sur ce que je suis. Je sais qui je suis. Je connais mes qualités, mais je sais mes défauts aussi. Le courage n'a jamais fait partie de mes qualités. Le seul courage que j'aie, c'est celui d'avancer dans la vie, encore et toujours. Je me débats sans voir la sortie. Alors peut-être qu'un jour, il y aura une sortie.
Quoi qu'il en soit, tu es parti quand j'avais le plus besoin de toi. Quand j'avais le plus besoin de me trouver. Je n'aime pas me plaindre. Je ne veux pas être ce genre de personne mais j'ai peur de l'être. Je sais que certaines vont s'inquiéter. Je ne le veux pas. On va me demander « ça va ? Qu'est-ce qu'il y a ? ». Et je répondrais « Oui, tout va bien, ne t'inquiète pas. ». Je ne veux pas que les gens s'en fassent. Je ne veux pas être de ceux qui disent que tout va bien pour qu'on leur demande si c'est vrai. Je ne veux pas non plus être de ceux qui se plaignent. Comment pourrais-je avoir le droit de ne pas être heureuse de ma vie ? Comment pourrais-je trouver quelque chose à redire ? Quand tant ont des vies plus misérables que la mienne, quand j'ai un toit, à manger, une famille et des amis, comment aurais-je le droit de pleurer ? Je me suis interdit de pleurer. Pourtant, c'est ce que je fais. Je veux de l'attention et je me hais de ressentir ça. Je ne veux inquiéter personne et j'ai peur que ça soit par prétention, pour me sentir noble. Je ne sais plus. Je suis perdue dans un dédale de sentiments plus contradictoires et incompréhensibles les uns que les autres.
Je sais qui lira ces mots. Ce ne sera pas toi. Mais je sais que celles qui les liront s'inquiéteront. Celles qui les liront auront de la peine pour moi. Je suis désolée. Tellement désolée. Parce que j'ai beau avoir des discours plein d'optimisme, plein de bons sentiments, je ne sais pas comment m'en sortir.
Ces mots sont sans doute les plus beaux que j'ai jamais écrit. Parce qu'ils ne racontent pas une histoire. Ils ne sont pas fictifs. Ils parlent de moi et sont d'une sincérité dont je n'ai jamais fait preuve. Alors à celles qui liront, ne vous inquiétez pas. Pas pour moi. Ces mots auraient étés encore plus beaux s'ils avaient parlé de vous.